FRANÇOIS LEGAULT, CAQ : Le roi confortable Tout le monde veut sa place sur le trône, mais il bénéficie d’une large avance dans les intentions de vote. Toujours en danger de glisser dans la peau de banane, comme lorsqu’il semblait se réjouir de la mort du tueur montréalais, le chef refuse les entrevues médiatiques d’avant-campagne et les invitations à divers débats. Alors qu’il se la joue cool, les députés lui rendent de doux hommages dans des publicités. Pour l’instant, il ne donne aucune indication de nouveaux projets pour mobiliser les Québécois. Ce sera la continuité après une interruption de six mois de COVID. Il faut rendre au monarque ce qui lui est dû : ses engagements de portefeuille ont été tenus. s’avère fiable dans ce domaine. DOMINIQUE ANGLADE, PLQ : LA DAME DE CŒUR EN DANGER Au contact de la sympathique députée de Saint-Henri–Sainte-Anne, on sent en elle un désir sincère de servir. En revanche, le virage à gauche de son parti et le changement de cap sur la modernisation de la loi 101 donnent l’impression qu’elle cherche à être la présidente de sa classe sans vision fixe et clairement définie. La race libérale s’effondre sous ses pieds. Il aura fort à faire pour sauver les quelques comtés francophones restés dans le rouge depuis l’effondrement de 2018. Le chef doit à tout prix être suffisamment inspiré pour reconquérir une clientèle partie ailleurs. Sans bénéfices, elle risque de se voir montrer la sortie. GABRIEL NADEAU-DUBOIS, QS : L’INDÉPENDANT COMME L’ancien combattant radical a adopté avec brio les codes et le fonctionnement de l’Assemblée nationale. Devenu chef parlementaire, ses premiers duels sur les valeurs avec François Legault, teintés d’un choc générationnel, l’ont placé à bien des yeux au siège de la véritable opposition à la CAQ. Malheureusement pour Solidarité, ce succès d’appréciation ne s’est pas traduit par une ruée vers le box-office. Les intentions de vote stagnent. GND a recruté des candidats de qualité pour l’entourer. Il intègre un fort potentiel de croissance. Son défi est de présenter un projet simple, réaliste, qui permettrait l’élargissement de sa base, sans altérer l’identité de la solidarité. ÉRIC DUHAIME, PCQ : LE JOKER Le conservateur secoue l’échiquier et représente la carte la plus intéressante. Intelligent et rusé, il a mobilisé des citoyens en colère qui ne s’identifient plus aux autres partis. L’insatisfaction face à la gestion de la pandémie a accéléré la croissance du PCQ à une vitesse vertigineuse. On l’imagine toujours en train de rire avec sa barbe. En même temps, le nouveau personnage lui-même semble un peu dépassé par son ascension, et certains de ses candidats ont déjà créé un malaise. Une normalisation du COVID pourrait réduire son élan. Il a encore d’autres cartes dans son deck. PAUL ST-PIERRE PLAMONDON, PQ : LE VALET DE LA CAUSE Plus émotif que ses adversaires, le chevalier de l’indépendance devra s’armer de son bouclier pour ne pas se laisser influencer par les pronostics défaitistes et les sondages d’opinion. Jaloux des virus, il ne peut rendre contagieuses ses convictions et son enthousiasme pour l’idée du pays. Il porte la torche des géants qui l’ont précédé lorsque la flamme est plus faible. D’autres membres expérimentés de la croisade ont quitté le champ de bataille. Le serviteur de la cause doit nourrir l’espoir. Et nous espérons convaincre la cour que le nationalisme de la CAQ viendra à jamais contre les fortifications fédérales.