Plus forte que le public américain, pour soutenir la locale Jessica Pegula vendredi soir (6-1, 7-5), la Française de 28 ans a aussi géré, non sans douleur et grimace, les interminables interruptions de pluie en milieu de demi-finale. -finale qui avait parfaitement commencé.

Le jeu change après la première pause

Impériale au service (pas un seul point de retard sur sa première balle dans le premier set) et extrêmement agressive au retour, au gré de ses récentes sorties, la Lyonnaise était en train d’écraser la n°7 mondiale et son large 6 d’avance. -2, 1-1, lorsqu’un drap noir recouvre soudain le Lindner Tennis Center. Une attente de 2h30 s’ensuit, durant laquelle les averses se succèdent avant qu’un orage ne s’installe, incitant les organisateurs à exhorter les spectateurs à « chercher refuge ». Garcia est restée dans sa bulle, assise seule dans un fauteuil du salon des joueurs, le nez sur son téléphone, avant de manger puis de reprendre son échauffement. Mais quand il est revenu sur le terrain, le match a changé. Beaucoup moins précise au service avec un pourcentage de coup droit en chute libre, la n°35 mondiale a subi ce qu’elle avait, jusque-là, fait subir aux autres dans “Cincy” : bercée par les lourdes frappes de retour de Sabalenka, forcée de battre en retraite, se retrouve sur la défensive ce qui ne correspondait pas à ses qualités, ce qui n’est jamais mieux que lorsqu’il dicte les échanges avec les deux pieds sur le terrain.

Plus de 6 heures après le premier point, Garcia va bien

Garcia a abandonné son engagement trois fois de suite depuis le début du tournoi. Après avoir jeté quelques regards anxieux à sa tribu, où son entraîneur Bertrand Perret et la kiné Laura Legoupil l’ont acclamée, elle a fait appel, 5-4 en faveur de la Biélorussie, au kiné qui l’a manipulée puis lui a attaché le bras avant gauche. Prudente dans un premier temps, notamment sur le revers où elle a parfois l’air gênée, la Française a de nouveau pu compter sur son premier ballon pour lui tourner le dos à l’entame du troisième set. A 2-1, Sabalenka a commis plusieurs grosses erreurs et Garcia s’est précipité sur le terrain pour obtenir le break. Mais, comme près de quatre heures plus tôt, la pluie l’en a empêchée, 3-1, 30-15 en sa faveur dans le set décisif. Cette fois, l’interruption n’a duré “que” 1h35. À son retour au tribunal, Garcia, toujours attachée à son avant-bras gauche, a décidé de prendre les choses en main au risque ultime. Elle a fait plusieurs erreurs, avait une balle de break à défendre, mais l’a sauvée courageusement et a confirmé son break avant. Plus proactive que son adversaire, elle a poussé Sabalenka à la faute, d’abord sur l’échange puis sur une double faute qui lui a valu un double break d’avance. En cours de route, elle a sauvé trois balles de la première pause grâce à son service. Une autre erreur de coup droit du Biélorusse l’a envoyé en finale. Dimanche, si la météo le permet, Garcia affrontera la Tchèque Petra Kvitova qui avait éliminé Madison Keys (6-7, 6-4, 6-3) plus tôt dans la journée. La Française visera le plus gros titre de sa carrière depuis celui remporté à Pékin en octobre 2017.