Au premier plan, la beauté effrontée de la vallée du Tarn vous saute aux yeux alors que vous roulez sur la sinueuse RD 907 menant à Mostuéjouls. Cela ferait presque oublier le paysage désolé du plateau du Causse Sauveterre, noirci par les flammes du violent incendie. Pourtant, sur le terrain, le traumatisme est toujours bien vivant. La nature n’est pas la seule à porter les marques du travail des flammes. Dans les esprits le choc est perceptible.
des soucis
« C’est une catastrophe à la fois environnementale et humaine car de nombreux propriétaires ont été touchés, explique Christine Bedel, la maire. Ensuite c’est une catastrophe par rapport à la commune touristique que nous sommes. Toutes les personnes qui travaillent et vivent dans le tourisme sont touchées. agriculteurs, on ne sait pas encore. Concernant la chasse, c’est aussi une catastrophe.
Un poumon touristique et économique qu’il faudrait relancer
C’est aujourd’hui tout un poumon touristique et économique qu’il va maintenant falloir relancer. Avec une population de 320 habitants à l’année, la ville multiplie ce nombre par dix pendant la saison estivale pour atteindre 3 500. “Nous avons 50% de résidences secondaires”, poursuit l’édile. C’est maintenant le temps de la reconstruction. Ce sera forcément beaucoup. Nicolas Bouviala travaille à l’Auberge du Terroir, le long de la RD 907. MIDI LIBRE – JF
“Nous sommes dans le sillage de l’incendie”
“Nous passons maintenant à l’étape post-incendie. Nous contactons toutes les personnes, nous allons voir les victimes et nous prenons toutes les dispositions avec les organismes, notamment les assurances. On essaie de les accompagner en leur expliquant les démarches à faire car les gens sont un peu perdus.” Il est également temps de faire le point sur la situation pour la gestion de cette crise “qui a été importante. Tous les professionnels qui vivent de l’activité touristique ont subi une perte de revenus…”
“On a peut-être rassuré, ce n’est pas suffisant”
Le long du Tarn, les neuf campings sont quasiment désertés par les vacanciers. Certains ont choisi d’écourter leur séjour, caractérisé par des évacuations et l’impossibilité de regagner leur logement en raison des routes fermées à la circulation. D’autres, horrifiés par la nouvelle et la reprise de l’incendie le week-end du 15 août, ont décidé d’annuler leur réservation.
“L’activité de camping est malade”
“On a beau essayer de rassurer, ce n’est pas suffisant”, assure Nicolas Bouviala, qui travaille à l’Auberge du Terroir. Avec ses deux frères, Ludovic et Cédric, les frères gèrent le restaurant, mais aussi le camping de 50 emplacements du même nom. “Nous sommes le 18 août, il n’y a même pas dix personnes sur 120. Nous avons des réservations annulées. L’activité du camping est malade. Nous sommes très inquiets. Nous n’ouvrirons probablement pas en septembre.” Par précaution, dans la nuit du lundi 8 au mardi 9, Nicholas décide de faire partir ses clients, avant l’évacuation obligatoire.
“A nos clients reperdu”
Le samedi 13 août, après une accalmie de 24 heures, le feu s’est rallumé. “On était content, on a dit à nos clients, ‘c’est bien, vous pouvez venir’. Mais on était revenu dans la zone rouge et on a dû rappeler tout le monde. On a dû accueillir 120 nouveaux clients. On les a encore perdus. On a pour compenser tout le monde. Le mois d’août est le mois le plus important”.
“Nous allons nous battre”
Le restaurant, situé en zone rouge, est resté fermé du 9 au 13 août. “Nous avons rouvert dimanche midi. Notre activité est en baisse de 40 à 50 %. Mais le plus important était de sauver des vies. Les pompiers ont fait un travail exemplaire.” A Buviala, nous ne voulons pas baisser les bras. “Cela fait douze ans que nous avons démarré notre entreprise. Nous allons nous battre.” Pour Mostuéjouls, le tourisme fait partie intégrante de l’économie locale. La semaine et le week-end du 15 août sont généralement les plus achalandés de la saison. “Après un mois de juillet assez mitigé pour tout le monde dans la Vallée, le mois d’août a attaqué à toute vitesse.” Nikolas Bouviala regrette que “l’état de catastrophe naturelle n’ait pas été défini car les incendies sont aussi une conséquence de la sécheresse !”. Même son de cloche avec un autre gérant de camping, au bord des larmes, préférant rester anonyme. “C’est dévastateur, la semaine du 15 août, c’est quand on fait le plus de chiffre d’affaires !” Jeudi, la préfecture de l’Aveyron a annoncé que les entreprises concernées pourraient recourir à l’activité partielle. En attendant la reconstruction, tout le monde s’accorde à vouloir sauver la saison qui s’achève déjà…